La 'tech' vs la crypto
Sur quoi devraient les projets crypto se concentrer? Un éternel débat de ce milieu qui a de plus en plus de sens en ce moment. Je suis vraiment excité d'écrire cet article.
Pour commencer, une petite mise en contexte. À l’EthCC à Paris j’ai pu assister à pas mal d’évents, rencontrer es personnes et même poser une question à Vitalik lol. Mais comme à chaque évent ou conférence, beaucoup de choses se répètent et tu pars de l’évent sans avoir appris quelque chose réellement (surtout quand tu connais l’avis des intervenants sur les questions posées).
L’idée de cet article m’est venue suite à ma discussion avec Julien Bouteloup (@bneiluj) avec qui j’ai déjà eu l’occasion de discuter à de multiples reprises quant à ses entreprises, son engagement dans la crypto et ce qu’il cherchait à construire.
L’un des évents que j’attendais le plus était celui de Cosmos, le Nebular Summit. Ça fait un moment que je suis cette crypto et que j'apprécie les acteurs de cet écosystème et les solutions proposées par ce dernier. Ce n’est en aucun cas un conseil en investissement et je suis juste un gars qui aime écrire qui perd de l’argent sur ses trades.
Introduction
Comme d’hab, je vais mettre mon Twitter ici pour ceux qui voudraient découvrir le contenu que je partage: @Artem_Oak
Le thème de la conférence où Julien a pris la parole était: “Is The Future of DeFi Multichain?”
Pour tous ceux qui ne connaissent pas l’écosystème Cosmos, il est composé de blockchains souveraines et indépendantes occupant chacune une fonction qui leur est propre, connectées entre elles à travers le protocole IBC (Inter Blockchain Communication). Je ne vais pas rentrer dans les détails techniques de ce dernier, cette description suffira amplement pour comprendre la suite.
Chacune de ces blockchains est sécurisée grâce au Staking (Proof of Stake) avec son propre token: Cosmos - $ATOM, Osmosis - $OSMO, EVMOS -$EVMOS etc. Elles ne sont donc pas dépendantes les unes des autres, ont leur propre sécurité et leur propre gouvernance.
“Cosmos s’est trop concentré sur la technologie et non sur le produit”
C’est cette phrase de Julien qui m’a interpellé.
La technologie derrière la blockchain Cosmos est le protocole Ignite (anciennement Tendermint), qui permet d’avoir un consensus fluide et une certaine scalabilité pour les blockchains qui construisent dessus.
Le produit c’est le token $ATOM, qui va servir à valider la blockchain, payer les frais des transactions et être un investissement pour toute personne passionnée par cet écosystème.
La technologie mise en place aurait donc permis une scalabilité, lancement de nouveaux projets et tokens, facilité d’adaptation et une interopérabilité entre projets qui construisent dessus qui sont incroyables, mais quel est le rôle du jeton ATOM dans tout ça à part celui évoqué ci-dessus?
Aucun.
C’est une réponse qui peut paraître terrible pour tous les investisseurs dans ce token puisque plus l’écosystème se développe et moins on a besoin de ce jeton puisqu’il ne sert tout simplement pas à grand chose. Et donc moins on a d’utilité pour ce jeton, moins il a de valeur puisque les gens ne voient pas l’intérêt d’investir dedans. Et donc sur le très long terme la valeur du ATOM devrait tendre vers… 0
Dans la suite de cet article j’aimerais me pencher sur les tentatives de l’équipe pour donner de la valeur à ce jeton et comparer le développement de Cosmos au reste de ce qu’il se fait dans les cryptomonnaies aujourd’hui.
Airdrops & ICS
Commençons par les airdrops avec l’ICS étant un peu plus technique.
Durant le bullrun, beaucoup de projets se sont lancés sur Cosmos de façon très indépendante: très peu de financement de la part des VCs, tokens distribués à la communauté etc. Pour profiter de ces airdrops, il suffisait de staker du ATOM et venir récupérer son airdrop en fonction du montant staké, voter pour la gouvernance ou tout simplement détenir du ATOM sur un wallet.
Beaucoup de gens se sont donc mis à acheter du ATOM et le staker pour profiter de ces airdrops et tenter de récupérer quelques milliers de $.
Le problème: tu ne peux pas avoir un projet solide qui se lance et distribue tous ses tokens à la commu toutes les semaines les rendant tous riches.
En ce qui concerne l’ICS, pour le moment ce n’est pas encore disponible.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus, je vous invite à regarder cette vidéo qui vous donnera une explication plus complète.
Pour ceux qui ont la flemme, pour faire simple: les validateurs sur la blockchain Cosmos pourront sécuriser des transactions sur les autres blockchains connectées à l’IBC et donc l’ensemble de l’écosystème Cosmos, ce qui augmenterait leurs intérêts du staking de ATOM.
Pour prendre un exemple: demain vous lancez une nouvelle blockchain, mais vous avez peur qu’elle ne soit pas assez sécurisée, tout en voulant éviter de donner des jetons à des VCs et gros investisseurs privés pour la sécuriser. Il vous suffira de faire appel aux validateurs sur le réseau Cosmos pour qu’ils viennent sécuriser votre blockchain en échange d’intérêts avec votre nouveau token.
Le problème: c’est cool pour les nouvelles blockchains. Mais si le projet devient robuste, tu voudrais récompenser tes propres validateurs et non ceux de Cosmos et donc toute blockchain peut switcher sur sa propre validation par la suite.
Les tokenomics éclatées?
La question à se poser c’est: est ce que ATOM est le seul jeton dont la valeur va tendre vers 0 sur le très long terme?
lol
Non. Et je ne parle pas uniquement des tokens de chien ou ayant “Elon” dans leur nom. Beaucoup de projets qui occupent une place solide dans notre écosystème aujourd’hui n’ont tout simplement pas trouvé de bonnes tokenomics ou de bonnes “utilités” qui leur permettraient de tenir pendant plusieurs années.
Pour faire simple, je vais prendre 3 exemples: on va passer du moins au plus controversé ici.
$CRV
Le token CRV du protocole Curve occupe une place cruciale dans la Finance Décentralisée au point où de nouveaux protocoles se battent pour avoir la main dessus et avoir un pouvoir de vote énorme sur la distribution des rewards du protocole.
Mais Curve en est arrivé à là grâce à une impression massive de tokens $CRV à toutes les personnes déposant de la liquidité sur le protocole en imprimant jusqu’à 900K$ par jour de nouveaux tokens.
Oui, nous avons le veCRV qui est le token $CRV qui a été lock et qui distribue des frais du protocole aux holders de veCRV, mais ça reste une impression massive, qui, sur le long terme, pourrait amener la valeur du jeton au 0 théorique (aucune valeur).
$UNI
Le token UNI de Uniswap ne sert aujourd’hui qu’à la gouvernance du protocole et son ajout dans les pools de liquidité. Mis à part ça… Le token UNI est aujourd’hui inutile à l’ensemble de l’écosystème.
À moins de trouver une utilité à ce dernier, le protocole fonctionnant parfaitement, le jeton ne devrait pas prendre de valeur…
$BTC
J’espère qu’il n’y a pas de BTC maximalistes qui liront cet article car je vais me faire insulter si certains d’entre eux arrivent jusqu’à ce point dans l’article.
Mais en réalité, je m’en contrefous un peu puisque ce substack ne reflète que mon avis personnel qui ne tient qu’à moi.
Aujourd’hui le Bitcoin est la blockchain la plus sécurisée, la première cryptomonnaie depuis 2009, le n°1 en terme de capitalisation… Bref, c’est le roi Bitcoin.
Aujourd’hui les mineurs sur le réseau Bitcoin minent, et ainsi, sécurisent la blockchain pour obtenir des récompenses en $BTC (6,25BTC par bloc miné actuellement). Tous les 4 ans cette récompense est divisée par 2 afin de réduire l’émission de nouveaux BTC, ce qui fait qu’en 2140 le dernier BTC sera miné. En plus de ces récompenses, les mineurs perçoivent les frais que nous allons payer pour envoyer nos transactions.
On le sait, la blockchain Bitcoin n’est pas faite pour fonctionner comme le réseau de paiement global, comme Visa ou Mastercard. Nous allons donc avoir recours aux L2 (Lightning Network) ou des L3 qui se construiront sur les L2, qui permettront une meilleure scalabilité, des moindres frais et une utilisation plus simple.
Sur le très long terme, lorsque les récompenses du réseau Bitcoin pour les blocs minés, seront proches du 0, les mineurs seront donc uniquement rémunérés avec les frais des transactions. Mais est ce que ce sera suffisant pour garder le réseau assez sécurisés et les mineurs investis dans le minage? Ou alors allons nous faire sauter la limite des 21 millions de BTC pour continuer à garder le réseau fonctionnel, ce qui détruira l’image de la réserve de valeur, amenant ainsi l’hypothèse pour les BTC à 0?
Je pense de nouveaux débats à ce sujet apparaîtront dans les 10 prochaines années et il sera intéressant de trouver une réponse à ce sujet.
Le sort de l’Ethereum et des L2
Bon, ok, les 3 tokens cités sont effectivement des exemples où les tokens sur le très long terme perdent toute leur utilité, mais ce n’est pas réellement comparable au token ATOM et sa perte d’usages dans l’ensemble de son propre écosystème.
Parlons donc d’Ethereum et ses L2.
Les L2 sont les surcouches sur le réseau Ethereum qui sont censées le rendre plus scalable et ainsi débouchonner le réseau principal.
Selon Vitalik Buterin, les L2 sont une solution sur le très court terme pour l’ETH et ses frais exorbitants. Ainsi, développer un L2 sur Ethereum ne requiert pas de création de token, mais tout simplement une possibilité de passer ses $ETH dessus pour payer des frais et se servir de ces L2.
Mais ce serait trop beau pour être vrai: Arbitrum, Optimism, zkSync, Starknet, tous les L2 principaux ayant apparu cette année, ont annoncé un airdrop de leur propre token aux early users. Le token qui servira à payer les frais sur leur blockchain et potentiellement mettre en place un staking pour sécuriser le réseau (on se rappelle de Polygon qui ont annoncé être une L2 d’ETH et qui ont fini par devenir une sidechain).
Alors oui, on pourra payer les frais en ETH sur la blockchain principale, oui on pourra staker de l’ETH pour avoir des intérêts… Mais si 99% des transactions ont lieu sur les L2 ou les sidechains, la valeur d’ETH, baisse car il perd une partie de son utilité.
Une fois de plus, ce n’est que de la spéculation et théorie, mais c’est assez facile de voir les potentiels dangers de perte en valeur et utilité pour certains tokens si nous partons de l’exemple du token ATOM de Cosmos.
Les L2 d’Ethereum n’ont pas besoin de leur propre token, mais il est créé pour récompenser les utilisateurs de cette blockchain, générer une trésorerie pour l’entreprise derrière et payer les investisseurs et les équipes… J’en ferai peut-être un article plus complet plus tard.
La technologie vs les tokens
La conclusion de ce substack n’est pas réellement une conclusion, mais plutôt une piste de réflexion ouverte qui m’a poussé à écrire cet article.
La valeur du token n’a rien à voir avec la technologie qu’il y a derrière. C’est l’utilité du token qui va jouer sur la valeur de ce dernier. Toujours la même histoire de l’offre et de la demande.
Ta tech est bonne = Les gens vont l’utiliser ≠ Les gens vont acheter le token
Le token a une utilité = Les gens vont l’acheter ≠ La tech est bonne
Une fois de plus, je n’inclus pas la spéculation dans mon raisonnement et les gens essayant de miser sur le token sur la 953ème page de CoinMarketCap. Mais bien sûr le produit et la technologie derrière ce dernier.
Une bonne technologie ne signifie pas que le produit (token) derrière cette technologie a une utilité et va forcément bien performer sur le long terme. On parle souvent d’analyse fondamentale des projets, mais en prenant en compte la techno derrière, notre analyse pourrait être biaisée.
Et quand on regarde de plus près, Ethereum avec le lancement de ses multiples L2, pourrait subir le même manque d’utilité si la plupart des transactions ont lieu sur ces surcouches avec leur propre token et leur propre système de validation.
Je pense que c’est un débat assez intéressant quant à l’utilité des tokens de ces L2 et si, sur le long terme, ces derniers pourraient devenir un meilleur investissement que l’ETH en lui-même, voire dépasser la Market Cap du roi Ether.
N’hésitez pas à me donner vos retours/remonter les choses par rapport à ce que vous pensez de cet article.
Une fois de plus, je tiens à remercier toutes les personnes qui lisent ce substack et je vous dis à très bientôt.